Aigle, crocodile & faucon
Napoléon à l’île d’Elbe 1814-1827

Jacques Favier

Et si Napoléon était resté tranquillement sur l’île d’Elbe ? Tranquillement il ne pouvait pas, mais comme jadis Bonaparte en Italie, il trouve une manœuvre imprévue pour desserrer les nœuds coulants que ses ennemis lui ont passés autour du cou, sans se jeter pour autant dans leur gueule. Il reste, retourne l’opinion, se renfloue, étoffe ses réseaux, prend des initiatives surprenantes. L’Aigle se métamorphose lentement, passant de la lutte armée au combat politique tout en restant stratège hors pair.

Les contraintes et contradictions de la réalité, minutieusement étudiées, ne disparaissent pas et s’imposent à l’Empereur, comme à celui qui rêve une autre histoire. Le récit s’attache à les respecter aussi rigoureusement que possible. Ses règles sont claires : tous les faits datés antérieurs au 26 février 1815 sont exacts, les très nombreux personnages cités ont tous réellement existé même s’ils se retrouvent placés dans de nouvelles situations, parfois romanesques, où l’auteur ne s’interdit pas de leur donner un autre emploi : les circonstances l’emportent comme toujours sur les caractères, et c’est souvent comique.

D’un point de vue historique le récit ne propose pas un autre Napoléon qui décevrait à la fois les dévots et les historiens. C’est le même qui, au lieu de se réinventer en héros libéral à Sainte Hélène, s’accomplit autrement et continue de modeler un XIXe siècle différent de celui qui sortit de Waterloo.