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La Nuit Rodin
Patrick Hourcade
J’avais commencé depuis quelques années déjà cette aventure de la photographie dans la nuit, cette plongée dans l’encrier où ce que l’on croit connaître le jour se révèle sous une autre vision. Le filtre de l’obscur n’est pas effrayant, il est différent. Je venais de présenter une exposition qui évoquait son pouvoir, quand un ami me présenta un homme, expert dans l’œuvre de Rodin. Que se passa-t-il dans ma tête ? je l’ignore, mais sans hésiter je déclarais à cet homme que j’aimerais faire des photos la nuit au musée Rodin. Il me répondit que c’était intéressant. Après il y eut ce jardin en hiver glacé par le vent et la pluie où je ne voyais que les grands bronzes sombres qui déambulaient dans la nuit. Et puis encore d’autres nuits dans le musée, où je voulais que l’on ferme les volets pour fuir les lumières insolentes de la ville et voir ces plâtres vivre, ces marbres vibrer dans leur blancheur si lunaire. De tous ces moments privilégiés avec l’œuvre du maître, je découvrais, comme dans un bal fantastique, la force créatrice de sa chorégraphie si proche des vivants d’aujourd’hui.
